Cet été, je suis tombé par hasard, dans une librairie du sud-ouest de la France, sur le livre d'Olivier Wieviorka : Histoire du débarquement en Normandie, Des origines à la libération de Paris, 1941 - 1944.

Olivier Wieviorka est historien, universitaire, spécialiste de la seconde guerre mondiale, et il a surtout eu la gentillesse de bien vouloir écrire la préface de mon livre Gaston en Normandie. Et pourtant, je n'ai encore jamais eu l'occasion de le rencontrer. Pire, je dois avouer que je n'avais encore jamais lu ses ouvrages.

En tombant sur son livre en plein milieu des vacances, j'avais l'occasion inattendue de combler une lacune ! Ceux qui ne croient pas au hasard auront une interprétation toute trouvée de cette trouvaille. J'ai donc acheté le livre, et j'ai bien fait ! La lecture en a été passionnante.

De mon point de vue de non spécialiste, le gros intérêt que j'ai trouvé à la lecture du livre de Wieviorka, c'est qu'il est écrit longtemps après les événements. La seconde guerre mondiale a été étudiée en long, en large et en travers. Dans mon enfance, j'ai baigné dans les récits de cette époque, les films, les BD... Je crois même avoir passé presque la moitié de l'année de terminale à étudier ce conflit planétaire. Bref, le sujet peut sembler épuisé. Et pourtant, il ne l'est pas. Et ce livre permet de relativiser beaucoup d'images un peu caricaturales, ou de raccourcis qui ont pu circuler après la guerre.

Lorsqu'on découvre le long processus de décision chaotique et incertain qui a mené au jour J, on en vient même à se dire que finalement, le débarquement aurait très bien pu ne pas avoir lieu. Et à force d'analyses, l'auteur arrive même à nous faire douter de ses chances réelles de succès. Avec le recul, si les alliés détenaient de nombreux atouts, la réussite de l'opération tenait sur de très nombreux paris. Et si les Allemands n'avaient pas fait ci, et si les Américains n'avaient pas fait ça, et si la météo avait été différente, et si... et si...

Je ne vais pas faire une synthèse de l'ouvrage, je vous laisse le découvrir par vous même. Il confronte d'innombrables sources et montre à quel point chacun peut retenir des leçons différentes d'un même événement. La vérité est complexe et finalement, ce livre donne envie de relire Gaston en Normandie car il apporte un éclairage différent sur les témoignages de Gaston et de Joséphine.

Par exemple, ces américains que Gaston trouvait « grands » et « relax » : « Ils avaient une envergure qu'on n'avait pas » dit-il. Et Joséphine pensait « [qu']avec ceux-là, on a forcément gagné la guerre ! » Mais lorsqu'on se plonge dans les difficultés à percer le front qui isole les alliés dans le Cotentin, dans les statistiques sur les pertes et les cas de psychonévroses, dans les motivations personnelles et même les exactions faites auprès des populations civiles, on se dit que finalement, cette apparente décontraction interprétée par les français comme un atout n'était peut-être rien d'autre qu'un certain manque d'enthousiasme à se battre sur un continent qui n'était pas le leur.

Bref, le recul sur le conflit permet de confronter des sources nombreuses et divergentes. Et le recours à d'innombrables statistiques enrichit la valeur des témoignages en les resituant dans une vision globale du conflit. Si vous avez aimé Gaston en Normandie, je vous conseille la lecture de l'Histoire du débarquement en Normandie d'Olivier Wievriorka, tout à fait complémentaire.